D’où vient le mot maman ?

Plongez dans l’origine de ce mot universel, doux à l'oreille et empreint d'une tendresse inconditionnelle

LA VIE SECRÈTE DES MOTS

10/28/2025

une maman tient la main de son fils. Ils sont de dos.
une maman tient la main de son fils. Ils sont de dos.

Maman


C’est peut-être le premier mot que l’on prononce, et souvent le plus doux qu’on entend.
Simple, rond, universel, maman semble appartenir à toutes les langues du monde.
Mais comment un son aussi court a-t-il pu traverser les siècles ? Pourquoi dit-on maman plutôt qu’autre chose ?
Sous cette évidence se cache une histoire linguistique fascinante, pleine de tendresse et de logique.

Le mot le plus ancien du monde ?

Avant même d’apprendre à parler, le bébé expérimente les sons qui demandent le moins d’effort : ma, pa, ba.
La syllabe ma est l’une des plus faciles à articuler : il suffit d’ouvrir la bouche, puis de la fermer en aspirant un peu d’air.
C’est un geste naturel, souvent accompagné d’un regard vers la figure familière qui nourrit, rassure, veille.

Bernard Fripiat aime rappeler que maman est « un mot inventé par les enfants, adopté par les adultes ».
Autrement dit, c’est l’un des rares mots de notre langue dont l’origine n’est pas savante, mais affective.

De mater à maman : quand la tendresse devient norme

Le mot latin mater a donné mère en français. Les linguistes l’ont observé : dans la majorité des langues, le mot qui désigne la mère commence par ce son-là. Mētēr en grec, mother en anglais, madre en espagnol, mama en russe, amma en tamoul, 妈妈 en chinois… (bon là je ne suis pas si sûr...)
Mais maman, lui, appartient à un tout autre registre : celui de l’émotion. Pas de racine commune, juste le balbutiement d'un enfant identique dans tous les pays du monde. Comme quoi, nous sommes plus similaires que ce que nous pensons et les mots nous le rappelle.
Il vient directement du redoublement enfantin ma-ma, une onomatopée spontanée qui s’est installée dans la langue par la force de l’usage.

Au Moyen Âge, on disait mamam ou mammet, selon les régions.
Peu à peu, la forme maman s’est imposée, d’abord dans la bouche des enfants, puis dans la littérature.
Chez Ronsard, chez Hugo, chez Colette, maman devient un mot sacré : à la fois familier et poétique, intime et universel.

Là où mère évoque le respect, maman évoque la chaleur.

Un mot sans frontières ni traductions

Fait étonnant : maman est l’un des rares mots presque universellement compris, même sans traduction. Puisque comme nous l'avons dit, cette ressemblance phonétique à travers le monde n’est pas le fruit d’une racine commune, mais bien d’une loi naturelle du langage : l’être humain, où qu’il naisse, crée spontanément les mêmes sons pour exprimer la même relation.

C’est ce que les linguistes appellent un mot phonesthésique : il naît de la forme des sons eux-mêmes, pas du sens arbitraire.
On peut dire que maman est un mot né du corps avant d’être né du dictionnaire.

De la langue au cœur

Si maman traverse les langues et les âges, c’est parce qu’il touche à l’origine même du langage : le besoin de lien.
Il n’appartient pas seulement à la grammaire, mais à la mémoire.
Chaque maman prononcé contient un monde : une main qui rassure, une voix qui répond, une présence qui fonde le sens du mot je t’aime.

Bernard Fripiat souligne souvent que la langue française garde, dans ce mot, un rare équilibre entre tendresse et respect.
On dit maman sans honte, quel que soit l’âge ; c’est un mot qui ne vieillit pas, un mot d’enfance qu’on continue d’utiliser adulte, parce qu’il ne se remplace pas.

Un mot d'amour tout simplement

Maman est un mot qui précède la culture, la religion ou les frontières — une sorte d'ADN commun à l’humanité.

Et peut-être est-ce là le vrai miracle : que notre première parole, quel que soit notre pays, soit un mot d’amour.

📚 Sources :

  • Bernard Fripiat — chronique « D’où vient le mot maman ? », Télématin (France 2)

  • Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française