Comment dompter la page blanche ?

Se débarrasser de nos blocages qui nous empêchent d'avancer dans l'écriture. Astuces simples pour dépasser la peur de la page blanche et retrouver le plaisir d’écrire

CONSEILS D'ÉCRITURE

11/4/2025

un carnet ouvert sans écriture et un stylo suspendu
un carnet ouvert sans écriture et un stylo suspendu

Tu connais sans doute ce moment cruel : tu t’assieds, plein de bonne volonté, devant ton carnet ou ton clavier.
Tu inspires, tu poses les doigts, et… rien. Que dalle. Nada, 何もない (Nanimonai), Nunda !
Le curseur clignote, hautain, sardonique, arrogant. Mornitude (ce mot a disparu des dictionnaires) de ton écran qui reflète celle de ton âme.
Et te voilà à ranger ton bureau, à manger un carré de chocolat, à frotter une tâche sur ta table basse. Il faut bien occuper l'esprit.

Rassure-toi : ce n’est ni un manque d’inspiration, ni une preuve que tu n’es "pas fait pour écrire".
C’est simplement ton cerveau qui tire un frein d’urgence. "Petit chenapan ce cerveau !"

1. L'angoisse de la page blanche

  • Pourquoi ton cerveau bloque ?

    Devant une page vierge, ton cerveau perçoit une menace, ou plutôt un défi.
    Il se dit : "Il faut que ce que j’écrive soit bien. Il faut que ce soit digne." Le cerveau protège ton ego. (bien foutu le corps humain !)
    Et cette pression déclenche le mode survie : il préfère ne rien produire plutôt que de risquer "la boulette".

    C’est un mécanisme psychologique courant appelé paralysie par perfectionnisme.
    En d’autres termes : tu veux tellement bien faire que tu te bloques toi-même.

    L’idée, c’est de désamorcer cette peur en te répétant autant que possible : écrire, ce n’est pas "réussir", c’est chercher.
    Un texte se construit, se façonne, se corrige. Même les plus grands écrivains passent par des pages moches avant d’en tirer toute la quintessence.

    →Vérité d’auteur : le premier jet, c’est la matière brute. Le talent, c’est de la retravailler ensuite.

  • Ce que cache vraiment la peur de mal écrire

    Cette peur de la page blanche cache souvent une exigence disproportionnée. Tu veux que ta première phrase soit magique. Que ton style ressemble à celui de ton auteur préféré.

    Mais aucun texte ne naît "fini". Il faut le mûrir, le bichonner, le sculpter, bref : le faire grandir.
    Marguerite Duras disait :

    "Écrire, c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait."
    Heu... non mauvais exemple, c'est trop compliqué, mais autrement dit, l’écriture découvre ce qu’elle veut dire au fur et à mesure.
    Le texte n’existe pas avant d’être écrit. Il faut donc commencer, même dans le flou.

    Essaie de te dire que tu n’as pas à être "bon", tu as juste à "être".
    Le reste, c’est du travail, de la patience… et un peu de bienveillance envers toi-même.

2. Des astuces concrètes pour se "débloquer"

  • L’écriture libre : vas-y fonce

    Voici un petit exercice miracle : l’écriture libre.
    Prends une feuille ou ton clavier. Mets un minuteur sur 10 minutes. Et écris. Sans t’arrêter. Sans juger. Sans corriger.

    Même si c’est : "Je ne sais pas quoi écrire. Cette idée est nulle. Pourquoi j’ai ouvert ce carnet ?"

    Continue.
    Le but, ce n’est pas d’être brillant, c’est de laisser sortir.
    Au bout de quelques lignes, ton cerveau lâche prise. Tu passes du contrôle à l’action.
    Et là, souvent, la phrase qui débloque tout surgit. Comme par exemple : "Je ne sais pas encore où ça va, mais je vais l’écrire quand même."

    C’est la technique du freewriting (écriture libre pour les non-anglophones), utilisée par de nombreux écrivains et coachs créatifs.
    Elle aide à briser la glace intérieure et à renouer avec le plaisir pur d’écrire — celui qui ne cherche pas à plaire, juste à dire.

    → Astuce bonne à prendre : ne relis pas tout de suite. Laisse ton texte “reposer” et relis-le plus tard. Souvent, tu découvriras de jolies pépites parmi les mots jetés.

  • Changer de support (ou de posture)

    Si tu écris toujours au même endroit, ton esprit finit par associer ce lieu à la pression de produire.
    Alors change de décor.

    Sors dans un café, dans un parc, sur ton balcon, rends-toi à la bibliothèque.
    Essaie aussi un autre support : un carnet à spirales, un papier brouillon, une appli de notes sur ton téléphone.

    Le cerveau adore la nouveauté. Chaque support réveille des circuits différents.
    Un stylo invite à la lenteur, un clavier à la spontanéité.

    Et la posture compte aussi : écrire debout, en marchant, ou même allongé sur ton canapé change le rythme des idées.

    → Exercice simple : si tu bloques à ton bureau, lève-toi et raconte ton texte à voix haute comme si tu le confiais à un ami. Les mots oraux ravivent souvent les mots écrits.

  • Le pouvoir du déclencheur : musiques, images, odeurs

    Nos sens sont des réservoirs de mémoire et d’émotion.
    Une chanson, une odeur, une lumière particulière peuvent réveiller des images oubliées.

    → Essaie ceci :

    • Mets une playlist instrumentale douce ou inspirante (piano, jazz, musiques de films).

    • Regarde une photo qui t’évoque une histoire, une émotion.

    • Prépare-toi un café (que tu mous toi même pour développer les arômes).

    Petit à petit, ton cerveau associera ces rituels à l’écriture. Tu crées ainsi un territoire intérieur propice à la création.

    Les écrivains ont toujours eu leurs manies :
    Balzac carburait au café, Proust écrivait couché dans une chambre capitonnée, et Colette observait longuement ses chats avant de se mettre à l’ouvrage. Laisse tomber cette dernière routine si tu n'as pas de chat et bois du thé si tu n'aimes pas le café. Enfin, tu m'as compris, trouve ton propre "déclic sensoriel".
    Ce n’est pas anodin, c’est un message à ton esprit. Il dit : "C’est le moment d’écrire, vas-y, fonce."

3. Et si la page blanche avait quelque chose à t’apprendre ?

  • Accepter le silence avant les mots

    On l’oublie souvent mais : écrire, c’est aussi écouter. Avant que les mots apparaissent, il y a le silence. Il t’oblige à ralentir, à observer, à sentir ce que tu veux vraiment dire. Il ne faut pas en avoir peur.

    Lis, rêve, marche. Laisse ton esprit se remplir des éléments autour de toi. oui ça devient presque philosophique et attends tu n'as pas encore tout lu. Ecoute la page blanche qui te dit : "Je suis là. J’attends que tu sois prêt." Là on est carrément dans le métaphysique. Mais l'écriture, c'est ça aussi. Imprègne-toi de l'astuce ci-dessous où l'on comprend l'aspect contemplatif de l'écriture. (contemplation extérieure et intérieure)
    Astuce méditative : regarde ta page blanche comme une fenêtre, pas comme un mur. Elle reflète ta disponibilité intérieure.

  • Transformer le blocage en tremplin

    Et si ton blocage était un signal ?
    Un message de ton inconscient pour te dire : "Ce que tu fais ne te ressemble plus vraiment."

    Parfois, la page blanche marque une transition. Ton esprit a besoin d’un temps d’ajustement.

    Ne te bats pas contre ce moment : observe-le.
    Écris sur ton blocage : décris-le, mets-lui des mots, donne-lui une voix.
    C’est une manière d’apprivoiser l'instant.

    Tu verras : le fait d’écrire malgré le blocage, ou sur lui, le transforme.
    Ce moment devient une passerelle vers autre chose — un texte plus sincère, plus aligné.

    → Souviens-toi : ton blocage ne t’empêche pas d’écrire. Il te guide vers ce que tu veux vraiment dire.

                                                    La page blanche n’est pas une panne, c’est une pause.

→ À RETENIR :

Pourquoi je n’arrive pas à commencer un texte ?
Parce que tu veux déjà qu’il soit bon. Commence par “mal écrire”. L’important, c’est de poser quelque chose. N'essaie pas de tout maîtriser : le ton, le style, la structure. Laisse ton premier jet respirer. Tu corrigeras plus tard.

Combien de temps peut durer une “page blanche” ?
Quelques heures, parfois plusieurs jours. C’est normal. C’est un cycle. Laisse venir l’envie plutôt que de la forcer.

Faut-il écrire tous les jours pour éviter le blocage ?
Oui, mais sans contrainte. Même 5 minutes de notes ou de gribouillis entretiennent ton lien avec les mots.

Est-ce que lire peut aider à débloquer l’écriture ?
Oui ! Lire nourrit l’imaginaire et relance les connexions mentales. Même une page suffit à rallumer la machine.

Et si je n’ai vraiment rien à dire ?
Alors écris sur ce rien. Mets-le en mots. C’est souvent le point de départ d’un texte sincère.

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hibou avec une loupe
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